Précédée par "Et les chiens se taisaient" (1946, " arrangé " pour le théâtre en 1956) et suivie de "Une saison au Congo" (1967), "La tragédie du roi Christophe" constitue la pièce maîtresse de ces " tragédies de la décolonisation " écrites par Aimé Césaire pour témoigner - remarquablement - d'un acte politique majeur de notre temps.
"La tragédie du roi Christophe", est une œuvre barbare (au sens noble du terme) lyrique et nécessaire. Affirmant que la politique est la force moderne du destin et l'histoire la politique vécue, Aimé Césaire donne à voir l'invention du futur, d'un futur enraciné. L'aventure haïtienne de Christophe évoque le destin collectif du peuple africain d'aujourd'hui. A la phase de la révolte aiguë a succédé celle de la re-connaissance, de la constitution d'un patrimoine authentique et librement assumé.
Cette entreprise doit être celle d'un bâtisseur, d'un architecte : Aimé Césaire a su créer un personnage d'une grande et haute stature avec une vigueur et une invention poétique exceptionnelles. Christophe (qu'habita, si puissamment, le comédien Douta Seck) est un homme d'Afrique. Il est le Muntu, l'homme qui participe à la force vitale (le n'golo) et l'homme du verbe (le nommo). Le texte initial de la pièce a fait l'objet de révisions multiples.
- Par Patricia CONFLON
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